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CONSTRUIRE EN TERRE

Dernière mise à jour : 30 sept. 2021

La terre crue comme matériau de construction est utilisée sur notre planète depuis près de 10.000 ans. Plus d'un tiers des habitants du globe vit aujourd'hui dans des habitats en terre. Construire en terre c'est construire avec un matériau que l'on foule aux pieds tous les jours. Mais on ne peut pas employer toute la terre en construction, il faut une terre avec une bonne cohésion propre, principalement due à la présence d'argile qui joue le rôle de liant naturel.




De la tradition de construire en terre on dénomme de très nombreux modes des construction avec une infinité de variantes qui traduisent l'identité des lieux et des cultures. Les sept modes d'utilisation de la terre en construction plus couramment employés sont :


  • Adobe : les briques séchées au soleil, sont moulées à partir d'une terre malléable souvent ajoutée de paille.

  • Pisé : la terre est comprimée en masse avec un pilon dans des banches, couche par couche et banchée par banchée.

  • Terre-paille : la terre, avec une bonne cohésion, et dispersée dans de l'eau jusqu'à l'obtention d'une barbotine homogène, que l'on verse sur de la paille, jusqu'à enrober chaque brin.

  • Torchis : une structure en colombages et claies de bois est hourdée avec une ou plusieurs couches de terre.

  • Façonnage : la terre est façonnée de la même façon que pour la poterie, sans outils.

  • Blocs comprimés : pendant longtemps, on a fabriqué des blocs de terre avec des moules dans lesquels on comprimait la terre à l'aide d'un petit pilon. Aujourd'hui ce procédé a été mécanisé en utilisant des presses.

  • Bauge : consiste à empiler des boules de terre les unes sur les autres et à les tasser légèrement à l'aide des mains ou des pieds jusqu'à confectionner des murs monolithiques.




Toutes les techniques de construction en terre évoquées permettent la construction d'une grande variété de composants et de systèmes constructifs comme : fondations, soubassement, murs et piliers, ouvertures, planchers et pavements, toitures plates et inclinées, voûtes et coupoles, couvertures en tuiles, éléments d'isolation, escaliers, cheminées, mobilier intégré, claustras, etc.


UNIVERSALITÉ


30% de la population mondiale vit dans un habitat en terre. Pour les seuls pays en voie de développement, il s'agit de 50% de la population, en majorité rurale, et au moins 20% de la population urbaine et périurbaine. On peut aussi constater, au Pérou 60% des habitations sont bâties en adobe ou en pisé. 38% des logements sont en terre à Kigali, capitale du Rwanda, 72% du parcs immobilier indien est construit en terre.


Sur le continent africain, l'architecture de terre traduit le génie du lieu, du matériau et du bâtisseurs, comme les palais des rives du Niger, les ksour et kasbah du Sud marocain, les maisons-forteresses de l'ethnie Somba du Bénin, les cases-obus de l'ethnie Mousgoum du Cameroun ou les maisons urbaines et mosquées du Mali, Djenné et Mopti.


Dans les pays d'Orient le génie architectural de la terre se trouve en Iran, en Irak, en Afghanistan et au Yémen du Nord et du Sud. En Chine, plus de dix millions d'habitants vivent dans un habitat en terre creusé dans l'épaisseur de la ceinture de lœss. En Mongolie Intérieure, l'habitat rural est pour majorité bâti en torchis, en adobe ou en pisé. En Europe, l'habitat rural en terre fait partie du paysage de nombreux pays comme Suède, Danemark, Allemagne, Espagne et Portugal. En France, 15% de la population occupe de maisons en pisé, en adobe, ou en torchis.


Confrontés à la crise de l'énergie, et à une crise économique, les pays industrialisées développent un discours sur le renouveau du matériau terre et engagent recherches et applications. Dans les pays en développement, la construction en terre apparaît comme un moyen efficace de production à court terme d'un habitat économique permettant le logement du plus grand nombre, l'essor d'une exploitation des ressources locales en matériaux de construction, la formation de techniciens et d'artisans du bâtiment, la création d'emplois.


Ce qu'est maintenant une simple nécessité pour les populations défavorisées pourrait bien devenir un choix délibéré. L'emploi de la terre pour construire est aussi une prospective universelle. La terre restera probablement l'un des matériaux les plus employées dans l'avenir.







Sources : Houben H. et Guillaud H. (2006). Traité de construction en terre. Editions Parenthèses

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